Communiqué : pourquoi je quitte la Confédération Paysanne, par Benoît Biteau.
Quand la bêtise, la mauvaise foi et l'ingratitude atteignent des profondeurs abyssales.
J’ai consacré les 30 dernières années de vie à des enjeux agricoles, plus particulièrement depuis que je suis paysan en mettant en œuvre des logiques agricoles originales, à plaider pour l’émergence d’un autre modèle agricole, et donc naturellement j’ai toujours activement coopéré avec la Confédération Paysanne que je pensais être un allié sincère.
Dès mon installation, je me suis lourdement impliqué sur les sujets de l’installation, de l’eau et des OGMs.
En 2010, lors de mon élection à la Vice-Présidence de la Région Poitou-Charentes, sans jamais renier ma forte proximité aux idées portées par la Confédération Paysanne à laquelle je reste un fidèle adhérent, dans un souci de clarification, je renonce à mes délégations au sein du syndicat pour mobiliser toute ma force, mon énergie, mes compétences, mon temps à l’émergence de politiques publiques concrétisant la mise en œuvre des vertus de l’agriculture paysanne, comme peuvent en témoigner mon bilan de mandat et l’antipathie que me voue la FNSEA.
J'ai donc, à ce moment là, accepté être l'ambassadeur de la Confédération Paysanne à l'assemblée régionale, et j'ai tenté de le faire de mon mieux! Ce qui m'a valu me trouver dans des situations personnelles parfois délicates!
Et si à la lumière de l’ingratitude et de la mauvaise foi dont la Confédération Paysanne 17 fait preuve depuis quelques jours, cette détermination, cette volonté n’avaient été qu’à sens unique ?
Et pourtant combien de fois, dans les collectifs auxquels j'assistais, ai-je entendu les lamentations des confédérés se plaignant de l'absence de soutien des élus?
À Limoges, lors de l'occupation de l'ASP, la Confédération Paysanne de ce même département m'a demandé de communiquer sur mon soutien à l'action de la Conf’. Ce que j’ai immédiatement fait par un communiqué de presse, le jour même.
Dans le prolongement de cette communication sollicitée au départ par la Confédération Paysanne locale, nous décidons, en lien avec la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique, et après avoir aussi sollicité la validation de la Confédération Paysanne Nationale, de déployer une banderole à l’entrée de la ferme, dénonçant le non-paiement des aides dues par l’Etat aux paysans.
Et surprise, la banderole installée est dénoncée par... la Confédération Paysanne 17 !
En cause, avant...
et puis après, demande de masquer le logo de la Conf'...
Quand de nombreux camarades paysans, essentiellement proches de la Conf' et pouvant pourtant voter pour elle aux très proches élections chambre, se réjouissent et s'enthousiasment de cette action originale, nous sollicitent pour réaliser la même sur leur ferme, les chefaillons du 17 s'offusquent et s'embourbent dans des procédures niveau cour de l'école maternelle, au motif qu’on n’a pas levé le doigt pour sortir faire pipi ! Attention, les postures hors-sol vous guettent!
Alors non, le soutien de la Confédération Paysanne n'a jamais été à la hauteur de mon engagement et des risques pris. Mais je ne l’ai jamais fais pour ça, mais pour l’intérêt commun, qui semble-t-il n'est plus franchement sa priorité!
Et quand un élu apporte un soutien fort, comme vous l’espériez depuis des années en général, et en particulier sur ce sujet, ça devient gênant?
C'est l'un ou l'autre, pas l'un et l'autre, au risque de sombrer dans une grave schizophrénie!
Alors oui, nous allons faire disparaître le logo de la Confédération Paysanne de cette banderole en faisant apparaître son refus de soutien à cette démarche.
Mais à vous acharner sur ceux qui peuvent encore tenter de sauver ce qui reste sauvable, je crains que l'année 2018 scelle un destin bien peu rassurant pour ce réseau!
Alors non, je n'ai rien oublié! Il semble que l'amnésie soit plutôt de votre coté!
Et trouver dans la mise en place de cette banderole une action individuelle et non pas une marque de soutien aux paysans, à TOUS les paysans, en détresse en raison du non paiement des aides dues par l’État, est d'une mauvaise foi d'une intensité rare!
Je ne suis pas fâché, je suis infiniment, profondément déçu!
Déçu de tant d'ingratitudes, de mauvaise foi et de bêtise.
Déçu d'avoir autant donné de mon temps, de mon énergie, de mes compétences, de ma force, de ma vie, de mon argent aussi, à des imbéciles qui ne le méritent pas!
Qui n'osent rien, qui ont peur de tout, alors que c'est l'audace qui fait bouger les lignes!
Je quitte donc définitivement ce syndicat dirigé localement par des poules mouillées et des procéduriers qui se trompent de combat.
Je constate, à l'instar de la manière dont ce syndicat traite José BOVE, qui pourtant sans lui n'aurait jamais eu le rayonnement qu'il a pu avoir, que ce n'est pas le respect et la gratitude qui les étouffent.
Etymologiquement, confédéré signifie « réunir » du latin cum et « alliance » de foedus, et là on assiste au contraire, à des logiques de « condivisés », par ceux que se revendiquent pourtant les tenants du rassemblement.
Voltaire disait: "Gardez-moi de mes amis, quand à mes ennemis, je m'en charge!"
Je confirme, qu'avec des amis comme ça, plus besoin de me chercher des ennemis!
Benoît BITEAU.
NB : Nous avons aussi retiré les deux vidéos de la Manif de Saintes avec la dite banderole, le partenariat territorial sur le blog site, les autocollants sur le parc véhicules de la ferme et de nos entreprises respectives, etc.
Avant / après :
Vidéo dépubliée et relayée partout sur les pages de la Conf'. :
A découvrir aussi
- L'agriculture biologique sans pesticides, rentable et productive, peut nourrir l'humanité
- Crise de l'élevage, entre détresse et ............ démagogie.
- BASSINES : DES AGRICULTEURS SONT SUR LA RÉSERVE
Inscrivez-vous au site
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 943 autres membres