l'agroforesterie, un cercle vertueux
Un cercle vertueux.
L'Earl Val de Seudre Identi'Terre a fait l'objet du mémoire de fin d'Etudes d'une des apprentis de la ferme, Juliette Morel, qui a obtenu son diplôme d'ingénieure agronome à L'Enita de Bordeaux en Juillet 2014. Benoît Biteau, diplômé ingénieur agronome aussi de cette école supérieure de sciences agronomiques en 1997, BTS option production de semences et spécialisation hydraulique agricole (1989/1990), parle souvent de cercles vicieux et de cercles vertueux pour expliquer son modèle agricole paysan. Stéphanie a donc mis en images et illustré la manière dont fonctionne déjà la ferme mais aussi son développement futur. Ces dessins ont été réalisés pour le mémoire de Juliette à l'origine ... :
Créatrice d'emplois non délocalisables (emploi multiplié par 5 par rapport à son prédécesseur), l'EARL parie sur l'avenir, contribue aussi à recréer les paysages de demain, avec la plantation de 5000 arbres actuellement en 2014, au rythme de 1000 arbres par an (lien ici pour tout savoir sur l' agroforesterie), plantation de haies, préserve les ressources naturelles, voire contribue à leur développement (fertilité des sols, humus, filtrage de l'eau, réalimentation des nappes phréatiques, protection contre l'érosion, le vent, etc...).
Benoît pratique une agriculture sans labours pour respecter la biodiversité et microbiologie des sols, sans irrigation (avec des semences population lire ici :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Semence_paysanne ou http://www.semencespaysannes.org/mais_population_nos_objectifs_127.php)
et cultive entre des bandes enherbées, plantées d'arbres, espacés de façon à pouvoir mécaniser son travail. Aucun traitements chimiques de synthèse n'est utilisé. L'amendement est organique (compost bio de fientes de poules, par exemple).
Le désherbage est mécanique : la technique du binage entre les rangs et du "faux semis" est important et nécessite de la précision. Ainsi, aucune pulvérisation de glyphosate ni engrais chimique de synthèse ne sont pratiqués...
L'arbre, la vie.
L’agroforesterie désigne l’association d’arbres et de cultures ou d’animaux sur une même parcelle agricole, en bordure ou en plein champ.
Il existe une grande diversité d’aménagements agroforestiers : alignements intra-parcellaires, haies, arbres émondés (trognes), arbres isolés, bords de cours d’eau (ripisylves)… Ces pratiques comprennent les systèmes agrosylvicoles mais aussi sylvopastoraux, agrosylvopastoraux ou pré-vergers (animaux pâturant sous des vergers de fruitiers). EST-CE UNE PRATIQUE INNOVANTE ? Les systèmes agroforestiers sont ancestraux et répandus dans le monde entier. En Europe, les arbres étaient traditionnellement présents au cœur et aux abords des parcelles. Certains systèmes ont perduré : pré-vergers, cultures intercalaires en peupleraies, noyeraies ou vergers fruitiers, truffiers et lavande ou vigne.
Après la seconde guerre mondiale et le développement d’une industrie pétrolière (énergie, chimie…), la démocratisation du machinisme agricole et des produits phytosanitaires a engendré une expansion des cultures pures et l’arrachage systématique des arbres |
Apports de l'arbre en milieu agricole |
Améliorer la production des parcelles en optimisant les ressources du milieu : L’expérimentation INRA sur un système blé-noyers à Restinclières (Hérault) a montré qu’une parcelle agroforestière de 100 ha pouvait produire autant de biomasse (bois et produits agricoles) qu’une parcelle de 136 ha où arbres et cultures auraient été séparés, soit un gain de 36%. Cette intensification de la production résulte d’une meilleure utilisation des ressources naturelles du milieu : la lumière, l’eau et les engrais sont prélevés plus efficacement grâce à un étagement des cultures, des systèmes racinaires de profondeurs variées, une occupation du sol permanente… Les arbres et les cultures créent un système de complémentarité : l’arbre remonte par exemple l’eau et les minéraux des couches profondes du sol pour les remettre à disposition des cultures de surface. La création d’un micro-climat sur la parcelle protège également les cultures et les animaux des stress thermiques et hydriques. L’arbre pourrait notamment permettre d’amortir les accidents climatiques, en partie responsables de la stagnation des rendements des céréales en Europe Diversifier la production des parcelles : Les arbres permettent de diversifier les services et sources de revenu sur l’exploitation : productions agricoles, bois d’œuvre, bois énergie, fruits, fourrage, paillage… Restaurer la fertilité du sol Les arbres restituent de la matière organique via les feuilles qui tombent au sol et la décomposition des racines : 40 % de la biomasse d’un arbre retourne au sol chaque année. Les racines structurent aussi le sol, facilitant son activité biologique. Ces apports améliorent donc la fertilité du système. Garantir la qualité et quantité de l’eau Une récente étude (Agroof, INRA, contrat Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse) a mis en évidence la capacité de dépollution des arbres. Véritables filtres, ils limitent une partie de la lixiviation des nitrates, réduisant ainsi la pollution des nappes phréatiques. Cette fonction est particulièrement intéressante pour la gestion des zones de captage en eau potable. De plus, les systèmes racinaires des arbres augmentent la réserve utile en eau (exploitable par la plante) des sols, améliorent l’infiltration du ruissellement, limitent l’évaporation du sol… Améliorer les niveaux de biodiversité et reconstituer une trame écologique : Une parcelle agroforestière est biodiverse aux niveaux végétal, animal, mycorhizien, génétique... La diversité des structures et des espèces de ligneux et d’herbacées fournit des habitats et de la nourriture pour un cortège floristique et faunistique important. Elle permet de réintroduire des auxiliaires de cultures, abeilles et autres pollinisateurs, gibier, prédateurs… et recrée une continuité écologique à l’échelle des territoires. Stocker du carbone pour lutter contre le changement climatique : 99% de la matière solide de l’arbre provient du CO2 atmosphérique : les arbres sont donc d’excellents puits de carbone. Un frêne à maturité séquestre par exemple près de 3kg de C02 par an. Les arbres permettent ainsi non seulement d’atténuer les effets du changement climatique mais participent aussi à la recapitalisation des sols en carbone, élément capital dans les cycles biogéochimiques et source de fertilité. |
Apports de l'arbre aux collectivités |
Les services rendus par les arbres ne bénéficient pas seulement à l’agriculture, la biodiversité et la qualité paysagère ; de nombreuses activités territoriales tirent également partie de leurs services:
- la gestion de l’eau à l’échelle des bassins versant est très sensible à l’activité agricole, - la pérennité de l’apiculture dépend de la qualité et de la diversité des ressources - la gestion de la nature dépend des habitats disponibles et de la continuité écologique - la restauration humaine profite de produits de qualité, issus de filières durables - les loisirs et activités de pleine nature (chasse, pêche, randonnée …) nécessitent la présence d’arbres |
Réglementations |
- Depuis 2006, les parcelles agroforestières de moins de 200 arbres/ha sont reconnues comme des parcelles agricoles, bénéficiant ainsi de l’éligibilité aux aides PAC du premier et second pilier. Elles relèvent de ce fait du régime foncier et fiscal agricole. - Depuis 2007, une mesure de soutien à l’investissement est disponible à l’échelle européenne (article 44 RDR, mesure 222). En France, cette mesure est activée depuis 2010, dans la moitié des régions environ. Elle permet le soutien financier à l’installation de parcelles agroforestières. Le montant des aides peut atteindre 80% des coûts d’installation. En France, la mesure est cofinancée par les collectivités territoriales. Dans d’autres pays européens, ce sont les régions ou les Etats qui co-financent l’investissement. |
Les enjeux |
Les besoins en bois ne pourront être satisfaits uniquement par les plantations forestières. Visant l’équilibre entre couverture du sol et espace de production alimentaire, l’agroforesterie permet de recapitaliser un potentiel de production au cœur des parcelles, sans recourir à l’exploitation de nouvelles surfaces. Elle répond pleinement aux objectifs de la PAC, de la directive Nitrate, Plan Carbone, Trame Verte et Bleue… . L’agroforesterie apporte des éléments de réponse aux grands enjeux environnementaux et sociétaux actuels concernant le coût de potabilisation de l’eau, les dégâts sanitaires des produits chimiques, la cherté des intrants fossiles, la demande d’énergie renouvelable… |
Le développement des techniques |
Les expériences de terrain et les recherches menées par différents centres et instituts ont testé des systèmes enrichis et optimisés, sur la base des pratiques traditionnelles. Si les premiers projets consistaient surtout à réaliser des alignements monospécifiques d’arbres, l’agroforesterie telle qu’elle est développée aujourd’hui fait appel à une diversité d’essences, de techniques, de types d’aménagement ou de tailles des arbres, qui permettent d’allier production de biomasse et protection de l’environnement. |
Source : http://www.agroforesterie.fr/definition-agroforesterie.php
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