C'est à la ferme de Stéphanie et Benoît Biteau, chez Berthegille à Sablonceaux, que nous avons rencontré Margaux. La jeune femme effectue un tour de France des pionniers d'une agriculture naturelle
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Margaux aux côtés de Stéphanie et Benoît Biteau |
Ce n'est pas un hasard si Margaux veut devenir agricultrice. Ce chemin, jonché de belles expériences humaines, résulte d'un choix mûrement réfléchi. Agée de 27 ans, cette jeune femme au sourire convaincant n'est pas née dans un milieu rural. Dans sa jeunesse, un premier élément a joué en faveur de l'environnement. En Normandie, chez ses grands-parents, elle se sentait libre au milieu des champs, à la rencontre des paysans qu'elle avait plaisir à croiser. Un bonheur simple que le modernisme a chamboulé en peu de temps :
« tout s'est industrialisé. Les petites fermes ont mis la clé sous la porte pour laisser place aux grosses exploitations »... A Paris, Margaux commence des études de droit, pensant se destiner aux affaires européennes ou internationales. Que nenni, elle sent poindre en elle le vert bourgeon de la nature. Il la taquine au point qu'elle consacre son master à cette voie nouvelle.
En 2011, elle tourne la page :
« j'ai vite compris que les débats de salon étaient déconnectés des réalités ! ». Persuadée que les voyages forment la jeunesse, elle prend son sac à dos et part pour l'Amérique du Sud dans le cadre de
Green Solidarity My Way (solidarité environnementale sur une durée de six mois). Pas question de partir à l'aveuglette ! Au Pérou, elle travaille dans un parc national et, en Bolivie, dans un refuge qui recueille les animaux victimes du marché noir (ours, petites panthères, crocodiles, singes, serpents, perroquets). Il est géré par
Cœur de Forêt, une association française. En Argentine, elle découvre un vignoble à Mandoza.
Convaincue que cette route est la bonne, elle repart bientôt au Chili où elle passe un an dans une ferme, à deux heures de Santiago. Le propriétaire y pratique la biodynamie. Pour info, l'agriculture biodynamique prend la nature dans son ensemble afin de produire des aliments sans entamer la capacité des générations à réaliser le même objectif, voire même à améliorer cette capacité. Le sol devient alors le composant le plus important dans ce type d'agriculture. Ces techniques naturelles, qui donnent d'excellents résultats, passionnent Margaux. Elle donne moult détails, preuve que de telles méthodes sont enrichissantes.
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La voiture de Margaux aux couleurs de la nature ! |
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En Charente-Maritime : Margaux découvre la transhumance du troupeau jusqu'à la Massonne |
Tandis que Margaux cimente les bases de sa vie professionnelle, ses parents s'interrogent. Le temps passant, ils comprennent que sa démarche est plus profonde qu'une simple tocade d'écolo ! Dès lors, ils la soutiennent dans ses démarches. En 2016, elle engage un tour de France qui la conduit dans des différents départements : la Drôme, les Cévennes (plantes médicinales), Toulouse et récemment Sablonceaux chez Stéphanie et Benoît Biteau. Rencontre avec un troupeau de chèvres, traite, élaboration de fromages frais, élevage bovin (viande maraîchine), transhumance jusqu'au domaine de la Massonne, cultures naturelles.
« Ce que j'apprécie chez Benoît Biteau, c'est que ses engagements et ses valeurs rejoignent sa façon de travailler ». Eleveur polyculteur, agroforestier, l'homme à la queue de cheval est, en effet, connu pour ses prises de position en faveur d'une agriculture respectueuse, sans forcer les rendements, en bannissant les pesticides. Stéphanie, quant à elle, lui a montré comment fonctionne la ferme en écosystème. Le potager est un endroit à découvrir !
« C'est un couple engagé dans le bon sens du terme. Ils communiquent et donnent envie de les imiter. Cette prise de conscience m'ouvre l'esprit. Je suis heureuse d'avoir partagé ces moments avec eux » avoue Margaux.
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Margaux en stage à l’EARL Val de Seudre Identi'terre, ferme écocitoyenne et conservatoire. Sur cette photo, les fromages frais réalisés par Stéphanie Biteau |
Quelques jours plus tard, au volant de sa voiture assortie à la végétation et parée de fleurs, elle est attendue dans les Deux Sèvres (élevage de volailles) et Nantes. Ces diverses étapes lui permettent de bien cerner son sujet en vivant des expériences concrètes. Comment voit-elle son avenir ? Dans une ferme urbaine vraisemblablement. Pourquoi les fermes seraient-elles toujours à la campagne ?
« Demain, nous contribuerons au ravitaillement des centres, tout en apportant un volet pédagogique afin de ne pas couper les habitants de leurs racines. Je vois cette ferme dans la région parisienne, une unité de polyculture sur une petite échelle ». Et d'ajouter :
« ce contact avec la nature me fait du bien ». Espérons qu'il y aura beaucoup de Margaux à s'intéresser à la qualité des sols et aux méthodes de culture, les scandales phytosanitaires et les pollutions rendant opaques nos lendemains.
« Notre ferme a reçu une stagiaire hors du commun, extra-ordinaire, qui montre que la jeunesse sait reprendre en main un destin que les générations qui l'ont précédé ont parfois lourdement hypothéqué. C'est une rencontre magique qui (re)donne de l'espoir et démontre que les champs du possible sont finalement nombreux » déclare à son sujet Stéphanie Biteau. Qu'ajouter de plus...
• Retrouvez Margaux Bounine Cabalé sur le blog Happy Cultors.com. Margaux utilise les moyens modernes de communication pour faire passer son message. Dans le métro, avec son panier, elle a convaincu les passagers des qualités d'une agriculture respectueuse de l'environnement (clip vidéo dans le métro parisien, un
« happycar » customisé avec potager sur le toit, blog trilingue
www.happycultors.com).
http://happycultors.com/revue-de-presse/
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Margaux dans le métro ! |
• L’agriculture biodynamique, appelée communément biodynamie, est un système de production agricole dont les bases ont été posées par Rudolf Steiner en 1924. Cette méthode a pour idée de départ le concept d'« organisme agricole » qui consiste à regarder tout domaine agricole comme un organisme vivant, le plus diversifié et le plus autonome possible. Cette méthode utilise des préparations à base de plantes censées activer ou maîtriser les « forces cosmiques » des planètes présentes dans le sol afin de soutenir un bon processus végétatif et limiter le développement des parasites. C'est l'emploi de ces préparations reposant sur la prise en considération des rythmes lunaires qui différencient principalement l'agriculture biodynamique de l'agriculture biologique. La biodynamie s'adresse à tous les domaines de l'activité agricole tels que la production de semences, l'élevage, l'apiculture, la viticulture ou le jardinage et a été mise en pratique notamment sur des domaines viticoles pour la production du thé en Inde ou encore du coton. La biodynamie s'attache au fonctionnement biologique des sols et des végétaux et cherche l'amélioration de la qualité des produits.
Ce weekend, son tour de France des pionniers d'une agriculture naturelle est à Nantes pour deux événements innovants : • La journée Green, samedi 18 juin : Visite d'un lieu pionnier en France en matière d'autonomie énergétique depuis 40 ans "La Maison Autonome", projection d'un film autoproduit par deux jeunes aventuriers "On the Green Road" en présence du co-réalisateur ; déjeuner-débat collaboratif avec présentation de mon projet Happy Cultors ;
• L'apéro nantais Happy cultors, La Box à Planter : Présentation des initiatives nantaises qui accompagnent les urbains pour qu'ils soient acteurs du reverdissement de leurs balcons, jardins et par ce biais de leur ville.
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Margaux et ses amis à Toulouse (Terr'eau) |