La méthanisation n'est pas la solution à la pollution aux nitrates et aux algues vertes.
La méthanisation n'est pas la solution à la pollution aux nitrates et aux algues vertes.
Je souhaite ici attirer votre attention sur un point bien précis. Si la méthanisation a des vertus indiscutables, elles ne peuvent s’inscrire que sur deux axes:
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-1. La récupération du méthane (CH4), dont la production est issue du compostage de déchets, et dont la puissance à réchauffer le climat est 23 fois supérieure à celle au CO2 (Dioxyde de Carbone), a la vertu d'éviter sa diffusion dans l'atmosphère (comme c'est le cas le cadre d'un compostage de fumier à ciel ouvert) et donc d 'œuvrer en direction d'une limitation du changement climatique.
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-2. La production d'une énergie renouvelable qui nous éloigne donc de la dépendance aux énergies fossiles dont nous savons également leur rôle dans le changement climatique, et qui donc nous engage dans une démarche énergétique vertueuse accentuant notre autonomie.
En revanche, la méthanisation n'apporte absolument aucune réponse sur la problématique des nitrates - molécule ultime de toutes les formes d'azote (urée, ammoniac, ammonitrate, etc.) utilisées en agriculture: NO3-, et des phosphates (PO4 3-), issus de la formule de phosphore utilisée en agriculture : P2O5 (acide phosphorique). Ils sont les principaux responsables des problèmes d'eutrophisation des milieux aquatiques et de développement des algues vertes. L’explication technique est simple et s'appuie sur la formule chimique du méthane (CH4). En effet, la récupération du méthane (CH4) issu de la décomposition de déchets organiques ne mobilise aucun atome d'azote (N) pouvant réduire le taux de nitrates (NO3) présents dans les déchets organiques utilisés dans la méthanisation, et restent donc présents dans le digestat à la sortie du méthaniseur, dans une phase solide s'apparentant à du compost de fumier, et dans une phase liquide, s'apparentant à du lisier. Ces deux phases, solides et liquides, restent donc très chargées en nitrates, peuvent donc être sources de pollutions aux nitrates et n'échappent donc pas aux obligations réglementaires de la directive nitrate, notamment concernant les pratiques, les surfaces et les calendriers d'épandage. Ces mêmes observations sont applicables aux phosphates, dans la mesure où la formule du méthane (CH4) n’intègre aucun atome de phosphore (P), pouvant réduire le taux de phosphate (PO4 3-) issu de l'acide phosphorique (P2O5) utilisé en agriculture). La méthanisation s'inscrit donc bien dans une logique vertueuse de lutte contre le changement climatique, de rupture de dépendance avec les énergies fossiles et de renforcement de notre autonomie énergétique, mais ne pouvant pas être présentée comme une solution efficace contre les pollutions aux nitrates ou (et) aux phosphates, responsables de la dégradation de la qualité de l'eau, de l'eutrophisation des milieux aquatiques et du développement des algues vertes, car ni l'atome de l'azote (N), ni l'atome du phosphore (P), ne sont présents dans la formule chimique du méthane (CH4). Attention donc à ne pas "surestimer" tous les espoirs que nous pouvons fonder sur le développement important de la méthanisation.
Benoît Biteau.
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