Benoît Biteau, paysan agronome

Benoît Biteau, paysan agronome

Les terres sont en chasse et biodiversité gardée...pour les générations futures !

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Au sujet de la chasse sur la ferme, quelques précisions.


Quand mon père, Paul, a pris la décision de faire opposition à la convention avec l'Association Communale de Chasse Agréée, il souhaitait définitivement rompre avec des pratiques discutables de chasse, et citoyennes d'ailleurs, des chasseurs adeptes de CPNT (Chasse, Pêche, Nature & Traditions). 
C'est donc avec plaisir que j'ai accepté, à sa demande, de constituer, auprès de la Direction Départementale des Territoires et de la Mer de la Charente-Maritime, le dossier d'opposition pour 90 ha sur la commune de Sablonceaux, et 60 ha sur la commune de Sainte Gemme. 


L'ancrage à gauche de notre famille ne permettait pas non plus de constituer une chasse gardée dédiée à la pratique de la chasse pour quelques privilégiés. 
Une telle approche serait venue télescoper notre attachement à l'abolition des privilèges obtenue la nuit du 04 Août 1789 qui, entre autres, permettait la pratique de la chasse par TOUS les citoyens, propriétaire terrien, ou pas. 
Bref, sur les terres familiales, après débats parfois agités, l'arbitrage est désormais le suivant:

 

soit personne ne chasse en accord avec nos convictions humanistes, soit tout le monde peut chasser. 

 


Fort de cette dimension citoyenne satisfaisante, j'ai fait le choix, lors de mon installation en 2007, d'y ajouter une dimension écologique forte. 
Le choix de l'agriculture biologique, de la mise en place d'arbres en agroforesterie, devait permettre la création d'espaces remarquables pour l'accueil de la biodiversité. 


Afin d'objectiver cette sensation, nous avons accepté un protocole de suivi de la dynamique d'évolution de la biodiversité sur ces zones agroforestières, conduites en bio, sans action de chasse, avec l'association Nature Environnement 17 (NE17), la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), et la Chambre d'Agriculture 17.

 

Les résultats sont édifiants, surprenants, encourageants, rassurants. La vie sait reprendre ses droits.
Explosion des populations de carabes, de vers luisants, prédateurs des limaces.
Explosion des populations de renards, des rapaces, de type éperviers, faucons, buses variables, busards cendrés, busards Saint Martin, régulant les populations de mulots, et plus emblématique, la présence du Circaète Jean Le Blanc. Explosion de populations de blaireaux consommant les vers de terre de nouveau très présents
Retour remarqué de nombreuses espèces qui avaient disparu depuis des années comme cailles des blés, œdicnèmes criards, engoulevents d'Europe, guêpiers d'Europe, et il y a deux ans, au profit d'une mosaïque de paysages recréés, d'un couple d'Outardes Canepetières, qui malheureusement ne s'est pas confirmé depuis. Et j'en oublie.
Constat également d'une explosion de population de lièvres qui trouvent la quiétude dans les alignements d'arbres ou dans les prairies où pâturent les herbivores. 

Bref, des zones de refuge et de reproduction pour la vie, qui profitent à tous, y compris aux chasseurs qui "profitent" aussi de ces populations qui sortent de cette réserve. 
Alors, vous pouvez facilement imaginer mon courroux quand, cet après-midi je trouve au milieu de ces parcelles qui font l'objet d'un protocole rigoureux d'évaluation des dynamiques des écosystèmes dans le cadre d'une conduite conjointe de l'agriculture biologique, d'agroforesterie et de non-chasse, je trouve un groupe de six chasseurs allègrement attelés à la chasse au lièvre. Ah, il y avait matière à faire un carnage quand je vois la quantité de lièvres réfugiés dans mes parcelles. 
Au-delà du fait qu'ils remettent en cause le protocole d'évaluation écologique conclu avec les trois partenaires cités plus haut, cette attitude vient piétiner les convictions humanistes, écologistes et citoyennes de la famille.
J'aime autant vous dire que je pense qu'on ne va pas le revoir de sitôt. 
Je les ai virés sans concessions et, plus qu'hier encore, ma position sur l'action de chasse sur la ferme, ne risque pas de s'assouplir. Bien au contraire. Ils ont au moins gagné ça!

 

Benoît Biteau

 

Ajout par Stéphanie. Le saviez-vous ?
Il y a quelques années, en 2006, un chasseur a pénétré dans l'enclos de nos animaux et aurait raté sa cible...
il a abattu une ânesse pleine avec son petit à coups de plombs et s'est enfui.
Valeur pécuniaire de l'animal - sans compter sa vie elle-même : 10 000 euros à l'époque. Aucune indemnisation ni poursuites.


13/11/2016
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